Fiche Actualité

Entraînement à la corde (2ème partie)

Date : 19/11/2009

LA CORDE ? OUI, MAIS SANS PERDRE LE FIL DE L’ECHAUFFEMENT !
LA CORDE (2EME PARTIE)

 

Je pense que la corde n’est pas le moyen optimal afin de s’échauffer avant de combattre, ou même de suivre un cours. Il est impératif de commencer par des exercices plus légers, puis de monter en intensité, mais d’une manière de plus en plus spécifique afin d’être mieux adapté à ce à quoi on se destine (combat, assaut technique, démonstration, entraînement, sparring, combat test, et etc.).
Pourquoi ? Parce que de cette manière, on stimule des trajets nerveux fondamentaux et forcément utiles, on réactive des automatismes personnels, on diminue notre temps de réaction en situation spécifique, nos capacités visuelles s’élargissent (augmentation du champ visuel), et l’on s’installe dans une coordination bien plus exploitable.

Pourtant, comme je l’ai dit plus haut, si un combattant a pris l’habitude de s’échauffer à la corde, c’est qu’il possède des repères précis et personnels sur cette méthode. Il n’est donc pas intéressant de tout modifier subitement. En effet, cela ne pourrait que participer à une certaine déstabilisation de son organisation et l’empêcher d’être performant.
Et cela n’est pas du tout souhaitable, bien entendu.
Donc, pour modifier des habitudes fortement ancrées, il est conseillé d’être progressif et de donner les moyens à l’athlète de comprendre l’intérêt du changement, partiel ou complet.

LA CORDE COMME OUTIL DE LA PRE-FATIGUE :

acordeUn cas concret : prenons deux combattants de valeurs différentes. Comment leur proposer des oppositions, tout en maintenant chez chacun des possibilités de progresser, c’est à en naviguant à la limite de ce qu’ils ne savent pas encore faire ?
La solution la plus performante afin de rester dans du travail spécifique, c’est bien de pré-fatiguer le meilleur des deux!
Cette procédure, permet à des enseignants de combat pas forcément experts dans les planifications d’entraînement d’être bien plus pertinents.
Ainsi, au cours d’un round (ou plusieurs selon le niveau et l’objectif), on proposera un, deux ou trois arrêts pendant lequel le meilleur des deux saute à la corde, en changeant de rythme et en montant les genoux systématiquement, ou par alternance selon le niveau. Les sauts peuvent durer de 30 secondes à 1minute 30, et vont permettre au moins compétent de se reposer. Le plus performant sera alors plus fatigué, et opposera une résistance amoindrie. Il va ainsi devenir plus prévisible, plus lent, moins mobile, moins incisif. Mais dans le même temps, il pourra stimuler une recherche personnelle d’organisation tactique adaptée à la fatigue (gagner du temps, se relâcher pour récupérer, annihiler les attaques, distiller des attaques plus éparses et etc.).
On peut proposer des sessions de cordes dans tous les rounds, mais aussi sous une forme plus variée : par exemple en mode pyramidal,1 au 1er, 2 au 2ème, 3 au 3ème, 2 au 4ème, et 1 au 5ème (en ne sur épuisant pas le meilleur boxeur). On peut également jouer sur un mode progressif (plus dur au fil des rounds, ou dégressif, moins dur au fil des rounds).

LA CORDE COMME OUTIL DE TRAVAIL EN INTERVAL TRAINING :

acorde1La corde, à défaut de maîtriser des méthodologies plus efficaces, peut malgré tout permettre de proposer un type de travail par intervalle selon votre niveau (on fonctionne par essai erreur au début, c’est normal). Bien entendu, cette forme d’approche est destinée aux bons sauteurs à la corde, c’est à dire à ceux qui maîtrisent parfaitement la coordination particulière du saut. Ainsi, vous pouvez réaliser aux deux extrêmes, un travail en puissance anaérobie lactique (afin d’être puissant sur un temps assez bref), ou en capacité aérobie (afin d’être endurant sur un temps très long).

En puissance anaérobie on peut proposer 2 à 3 sessions de 6 séries de fractionnés courts de 10 à 20 secondes en doublant les passages de corde à chaque saut réalisé groupés, (c’est à dire « genoux-nombril », soit deux passages par saut), ou encore des passages groupés, mais simples sur une seule jambe, pour ceux qui pratiquent une boxe pieds poings, ou encore lesté pour les champions d’exception. Il faut compter les passages sur le temps donné et tenter de maintenir le résultat sur chaque série, voire d’augmenter progressivement le résultat au fur et à mesure de la maîtrise de l’exercice (repos de 20 secondes environ entre les répétitions, et de 3minutes entre les deux sessions).

En capacité aérobie, la fréquence cardiaque ne doit pas monter en zone rouge (c’est à dire à 85/90% de votre fréquence cardiaque maximale pour un individu moyennement entraîné), il faut donc limiter le travail musculaire (donc réaliser des passages simples), varier alternativement les types de sauts, en greffant des passages en bras latéraux qui permettent de beaucoup moins se fatiguer. On peut réaliser une session longue de 20 minutes non stop sans changement de rythme, afin de renforcer psychologiquement la volonté et l’endurance du combattant (un travail fractionné serait préférable en terme d’entraînement énergétique).

LA CORDE POUR RECUPERER :

acorde2Le travail à la corde permet de récupérer lorsqu’elle est pratiquée d’une manière souple et sans changements de rythme. Elle est souvent utilisée en fin d’entraînement classique afin de clôturer la partie physique, et avant d’entreprendre les étirements spécifiques. On peut y greffer des déplacements antéro postérieur ou latéraux (plus durs)

Enfin, dans un registre plus général, pour ceux qui manquent de résistance au niveau des épaules, il est possible dans certains modèles de corde, d’insérer des cylindres métalliques afin d’alourdir les poignets. Les petits futés, se procureront des cordes de boxe Thaï en tuyau (terribles !). On peut aussi utiliser des lests de bras, de buste, ou de jambes (les derniers à éviter pour le dos).
Enfin, les combinaisons complexes croisées, super croisées, doublées, triplées, retournées, en canard, corde raccourcie, sur une jambe, et etc.…permettent d’étendre le répertoire spécifique en coordination propre à la corde. En espérant que le transfert à la boxe soit possible ! …Certains l’opéreront assez vite, d’autres ne le pourront jamais…question de génétique certainement !

Quoi qu’il en soit, il est clair que la corde n’est pas prête de quitter le sac de sport du boxeur. La gestuelle du saut est si tonique et si visuelle qu’elle apparaît peut-être pour le profane, comme un exercice de grâce dans un monde de brutes.
Une manière peut-être originale en somme, de modifier positivement le regard caricatural, porté souvent sur le noble art ?…

Le 8 avril 2006, par Franck Martini.


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