Fiche Actualité

Le cadrage

Date : 14/11/2009

LE CADRAGE

 

DEVENIR UN AS DU CADRAGE :
Toutes les boxes se déroulent dans un espace carré et clôt, délimité par trois ou quatre rangées de cordes, voire un filet, ou une grille pour certaines formes de combat libre. Le ring présente une surface variable de 20 à 36m2, à la fois dérisoire et immense, sur laquelle les deux combattants vont s’affronter et être jugés.
Le terme ring, qui veut dire "anneau" en anglais, renvoie à la structure spontanée que prenait la foule qui se pressait lors des combats informels de la fin du XIX siècle. Ce cercle humain a été par la suite matérialisé afin d’empêcher la fuite potentielle d’un des protagonistes, et de structurer l’affrontement d’une conforme à l’esprit "gentleman" : le principe étant de toujours accepter le face à face.

cadrageCOMPRENDRE LE CADRAGE :
La confrontation, dès le premier signal de l’arbitre, est d’abord une confrontation territoriale. Les boxeurs prennent leur marques plus ou moins rapidement et se déterminant dominant ou dominé, en fonction du rapport de force perçu et ressenti. L’objectif de l’expert en boxe est très souvent, de "réduire l’espace de l’autre et d’agrandir le sien". Parfois, seul un des ces objectifs est poursuivi car il suffit au gain de la rencontre. De fait, le combattant se ménage ainsi des marges de manœuvres plus larges, et réduit donc les possibles de l’autre par une procédure que l’on appelle le cadrage.

Le cadrage permet de "faire entrer l’autre et de le maintenir dans une angulation inverse à celle du ring à laquelle on le destine".

Notons que le cadrage n’est pas une panacée, et qu’il est nécessaire de maîtriser des savoirs faire pour le mener à bien. Certains combattants, face à d’autres, n’ont rien à gagner, et même parfois tout à perdre à tenter de cadrer leur adversaire (souvenons nous de Léonard face à Hagler par exemple…).
Pourtant cadrer fait éminemment partie de la panoplie du combattant expert. Parce que l’important est bien de "réduire la mobilité de l’autre pour le transformer d’une cible mobile en une cible fixe, plus facile à toucher".

On dit que l’on "cadre" parce que les déplacements du dominant (celui qui avance, et non celui qui gagne, attention !), sont perpendiculaires aux cordes vers lesquelles il se déplace. La fermeture de l’espace crée donc un carré (déplacements du cadreur plus cordes), un cadre dans lequel le dominé est enfermé. Et puisque ses mouvements sont limités, l’incertitude liée à la quantité de choix possibles se réduit d’autant. Il n’est alors plus une cible mobile ; on dit que le boxeur est "fixé".

EVITEZ DE FAIRE LE TOUTOU !
Faire le "toutou", c’est tenter de cadrer l’autre, mais en le suivant, c’est à dire sans lui fermer toutes les issues possibles. Ne souriez pas cela se voit, même au plus haut niveau ! Ici le boxeur adopte un déplacement qui est souvent parallèle aux cordes, et se voit obligé de modifier sans cesse ses appuis à retardement afin de s’adapter à l’autre qui, en fait, mène le bal.

coinceLA CHASSE :
Avant de savoir cadrer, le combattant doit apprendre à s’emparer du camp de l’autre, c’est à dire apprendre à imposer sa volonté sur un espace large. En clair, il s’agit de s’inscrire comme "dominant" dans l’affrontement. Il s’impose de chasser l’adversaire de la moitié du ring dans laquelle il est en place, pour le contraindre à se déplacer vers l’autre. Ici, en face à face, les coups directs imposent à l’autre de reculer, et les coups circulaires de se déplacer latéralement. Mais lorsque l’on se décale, la géométrie s’inverse et devient contraire !

Attention donc à ceux qui possèdent des contre appuis dangereux en phase de recul ; le contre peut être décisif si vous faîtes un pressing global sans une grande concentration au niveau de la garde, de la défense, et sans une tête rentrée et mobile (la dernière confrontation en SBF entre Soncourt et Chouaref fut un exemple marquant).

LE COULOIR :
Cet exercice fondamental consiste à empêcher l’autre qui est en face de moi, d’atteindre le bout du couloir délimité derrière moi (3 à 4m de large sur 6 à 8m de long). L’intérêt est que la forme de déplacement prioritaire est rectiligne, ce qui est une étape première dans l’acquisition des déplacements antéro-postérieurs capables de gérer la distance de frappe . C’est aussi une optique performante dans le sens où il est toujours plus facile d’arrêter quelqu’un en étant face à lui, plutôt que de se retrouver sur un de ses côtés.

repousserDans la tâche du couloir, vous pourrez toujours, comme en rugby, faire sortir l’autre de la surface de combat, mais le transfert d’adaptation sur la surface codifiée (le ring de compétition) ne sera pas forcément intéressant. Projeter l’autre dans les cordes ne va pas résoudre le problème de le maintenir cadré, c’est à dire de limiter ses déplacements. Toutefois, l’apprenti cadreur apprend ici tout l’intérêt des coups à trajectoires directes, et le placement basique, face à l’autre, afin de lui "couper la route". En effet, en combat, (et même dans les formes assaut !), il est plutôt difficile de stopper un adversaire avec des coups circulaires lorsque celui-ci "déborde" sur les côtés en se protégeant, c’est à dire tente de sortir du cadrage latéralement. Il faut donc apprendre à "s’interposer" face à lui.

Le couloir permet, en outre, de travailler sur les points faibles du cadreur. Il faut ainsi repérer rapidement le côté le moins dangereux (celui qui est le moins chargé avant la frappe), le moins précis, ou le moins rapide, pour l’utiliser et tenter de passer de son côté (droit ou gauche). Généralement les sorties du côté des segments avants sont préférables, mais un gaucher qui boxe en garde de droitier peut avoir une frappe exceptionnelle en crochet du gauche; il conviendra donc d’éviter ici de sortir sur son bras avant, et de préférer s’exposer plutôt au bras arrière. Et même si cela bouscule les convenances pugilistiques !

Il faut donc être très vigilant, et se méfier des préceptes et des préjugés courants.

Ainsi, peu d’observateurs et même d’entraîneurs on perçu par exemple que Jérôme Le Banner, un des boxeurs les plus charismatiques du K1 (pieds poings), était en réalité un droitier qui boxait en garde de gaucher. Et ceux de ses adversaires qui ont pris à la lettre le principe de sortir de son cadrage sur le segment avant, censé être le plus faible n’ont pas été déçus ! Avec une vitesse de base importante et une force au développé couché à 190kg en maximum, l’addition de la vitesse du bras de Jérôme et du déplacement de son adversaire a du certainement donner des chiffres intéressants sur le papier, mais moins en terme soustraction de neurones…pour celui qui a été en face !

De même, boxer un frappeur du bras arrière en se rapprochant très près de son segment fort, réduit la course de ses coups et annihile en grande partie son efficacité. Il est donc important à ce stade de se méfier des préjugés, même s’ils sont constitutifs d’une certaine culture de la discipline.

Il est fondamental de se donner toujours une vision large et logique des adaptations possibles afin de ne pas enfermer nos disciplines de boxe, dans des formes stéréotypées et dénuées de génie…

Le 16 octobre 2006 par Franck Martini.


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